Je n’avais pas prévu d’être mère au foyer
Beaucoup ont tendance à penser que l’on peut absolument tout choisir et tout prévoir dans sa vie. Et que, seule la volonté d’y arriver, est le critère indispensable. L’expérience m’a montrée que, malgré tout ce que l’on peut réussir à anticiper, il y a des paramètres que l’on ne contrôle absolument pas. Entre autre, je n’avais pas du tout prévu d’être mère au foyer.
Même si je n’avais pas prévu grand chose, il faut être honnête 😅
Je suis plutôt du genre à me laisser porter par la vie, même si j’avais une vague idée des grandes lignes. Tout ce que je savais (ou pensais) à l’époque, c’était qu’il fallait éventuellement faire des études pour s’assurer un avenir à peu près serein. Du moins, j’ai été éduquée pour penser de cette manière.
Le reste, suivrait donc forcément.
Mais alors, comment je suis passée d’une potentielle vie professionnelle à une vie de mère au foyer?
Faire des études pour réussir sa vie?
Après l’obtention de mon bac scientifique, je n’avais pas d’ambitions particulières.
Je me suis alors dirigée vers des études de sciences économiques, pensant que le domaine était suffisamment vague pour me laisser le temps de trouver ma voie.
N’ayant pas de plan de carrière, j’ai été jusqu’à la maitrise, que j’ai obtenue.
Je ne savais pas vraiment ce que j’allais faire avec ce diplôme, mais il était certainement possible d’en faire quelque chose.
J’ai signé mon premier contrat de travail à la mairie de ma ville, en tant qu’emploi jeune, quelques mois après l’obtention de ma maîtrise.
Je suis passée de la vie d’étudiante au monde du travail relativement rapidement.
Dans la fonction publique territoriale, il est préférable de passer des concours administratifs afin d’être titularisé. En bon petit soldat, je me suis exécutée!
J’ai commencé par le concours le plus facile, histoire d’assurer mes arrières. Je gardais quand même en tête qu’il allait falloir préparer d’autres concours afin de faire une carrière un peu plus en adéquation avec mes études.
J’ai alors rencontré Marc, celui qui allait devenir mon mari, un an après avoir commencé à travailler.
J’avais 26 ans et ma vie a changé du jour au lendemain.
L’arrivée de Charles, mon premier enfant.
Avec Marc, tout est allé hyper vite! On n’a pas vraiment fait les choses à moitié et trois mois après notre rencontre, j’étais enceinte de Charles.
Ce n’était pas spécialement prévu, mais on ne faisait rien non plus pour que cela n’arrive pas 😀
Nous avons donc continué d’apprendre à nous connaitre en même temps que nous devenions parents. Notre entourage était un peu perplexe quant à l’avenir de notre relation mais, comme je le disais plus haut, je me laissais porter par la vie.
La seule chose qui était certaine c’était que je reprendrais mon travail après mon congé de maternité. Et c’est ce que j’ai fait. Mon fils allait à la crèche et nous, nous bossions.
Nous avons rapidement trouvé notre petit rythme tous les trois, comme si nous avions toujours vécu de cette manière.
J’avais juste du mal à trouver du temps pour envisager de passer mes concours.
La vie de maman, ça prend du temps, surtout lorsque l’on bosse en parallèle.
Entre temps, nous nous sommes mariés et l’envie d’avoir un deuxième enfant est arrivée. Enfin, surtout de mon côté, car les trois années de nuits quasiment blanches que nous venions de passer avaient un peu vacciné mon mari.
Vous l’aurez compris, mon pouvoir magique de persuasion a fait le reste. Et une petite Sarah est venue agrandir la famille presque quatre ans après la naissance de Charles.
L’arrivée de Sarah et la vie qui prend un virage à 180 degrés.
Vous le savez si vous me lisez mais ma fille est née avec beaucoup de problèmes de santé.
Si vous le découvrez, je vous mets les liens de notre histoire ici.
Lorsque ma grossesse a pris un tournant que je n’aurais jamais imaginé, je ne savais pas trop où on allait mais on y allait tout droit!
J’étais dans un genre d’insouciance, me disant qu’une fois ma fille opérée du coeur, la vie reprendrait son cours normal. De fait, je me voyais reprendre mon boulot dans l’année qui suivrait.
La réalité est que ma puce était fragile. Elle ne pouvait pas aller à la crèche et j’ai développé un genre de paranoïa. En gros, je ne voulais la confier à personne. Il m’était impensable que quelqu’un d’autre que moi puisse veiller sur elle.
J’avais déjà peur qu’elle s’arrête de respirer à chaque seconde alors ne pas être auprès d’elle était juste impossible.
Le jour où j’ai décidé de prendre un congé parental et de devenir mère au foyer.
Mon mari était au moins aussi stressé que moi alors il n’envisageait pas que nous puissions confier Sarah à une tierce personne.
Après une très courte discussion d’environ quelques secondes, nous avons décidé que je prendrais un congé parental.
Le choix était plutôt simple: qui gagne le plus? Lui! Alors c’est moi qui allais rester à la maison avec les enfants. Raisonnement un peu basique mais plutôt logique.
Cette décision a été un soulagement car j’avais alors trois ans devant moi pour voir comment les choses allaient évoluer.
Ces trois années sont passées très vite. J’ai revu toute mon organisation avec les enfants. Charles avait, du même coup, sa maman à plein temps pour s’occuper de lui. Plus de cantine, pas de garderie, pas de centre aéré et pas de problème pour les vacances scolaires. Au final, c’était pratique pour tout le monde.
Je mentirais si je vous disais que mon travail me manquait. En réalité, je n’avais pas le temps d’y réfléchir. J’étais dans une vie où je cherchais sans cesse des solutions aux problèmes de Sarah; notamment à cause de ses troubles du comportement. Et Charles avait aussi énormément besoin de moi et de mon attention.
Comme je le disais plus haut, trois ans ça passe très vite. Entre temps, mon énergie et ma santé ont franchement diminué.
Quand c’est moi qui n’ai plus eu la force de travailler.
Petit point 3615 je parle de ma petite personne.
Un matin de juin 2007, je me suis réveillée avec un mal de tête qui n’est plus jamais parti.
Je vous écrirai un article sur ce problème qui pollue mon existence depuis, mais je ne pouvais pas ne pas l’évoquer ici. En effet, c’est un paramètre important dans mes choix de vie qui ont suivis.
Je vais donc être plutôt brève sur le sujet pour en arriver à la conclusion d’une errance médicale de plusieurs années: on m’a diagnostiqué (sur Paris et Marseille, oui parce qu’en Corse c’était compliqué de trouver) une double névralgie du nerf d’Arnold chronique et sévère associée à une Fibromyalgie, un syndrome anxio-dépressif avec syndrome de fatigue chronique. (Oui, c’est tout 😄 Mais promis, je vous raconterai!)
En gros, j’ai l’oeuf à peu près tout le temps et mon énergie perdue, ben je la cherche encore en réalité!
Le hic est qu’à part les kilos que j’ai pris avec mes traitements, cela ne se voit pas. Alors je peux vite passer pour une menteuse fainéante. Mais ce n’est pas grave, je sais où et quand j’ai mal et la codéine est ma meilleure amie. ( J’aime beaucoup Docteur House, je me sens proche de lui parfois! Mais je ne boite pas 🙃)
Inutile d’avoir un diplôme en psychiatrie pour chercher d’où viennent mes problèmes. Même s’il n’y a aucune certitude et que j’ai démarré une carrière de flippée dès ma naissance.
Tout ça pour dire que, le temps de trouver LE traitement ( enfin, le cocktail ) qui allait me stabiliser un minimum, il a fallu plusieurs années.
Il m’était alors impossible de cumuler mon travail avec mes enfants.
Encore une fois, le choix a été vite fait. Je devais garder le peu d’énergie qu’il me restait pour m’occuper d’eux.
J’ai toujours été honnête avec mon employeur alors j’ai demandé une disponibilité pour raisons médicales.
J’ai absolument tout perdu à ce moment-là: ma sécu, mes cotisations retraite et une quelconque perspective de carrière.
Je me suis lancée tête baissée dans mon rôle de maman. Rôle ingrat au regard de notre société pour laquelle je ne suis rien. Mais là encore, ce n’est pas grave.
Je sais que je fais de mon mieux avec mes enfants. Je sais aussi que les problèmes de ma fille sont devenus tellement complexes au fil des années que, je n’aurais pas pu prendre les meilleures décisions pour elle si j’avais gardé mon emploi.
D’ailleurs, j’ai prolongé ma disponibilité pour les quatre prochaines années.
Parce que, j’ai oublié de vous préciser que j’ai tout de même souhaité conserver mon statut de fonctionnaire au cas où, un jour, j’aurais la possibilité ou le désir de reprendre mon travail.
Ma situation n’a rien d’idéale et j’ai un peu fait une crise existentielle pour mes 40 ans.
La totale remise en question sous fond de crise de la quarantaine.
L’année de mes 40 ans, il y a six ans, j’ai commencé à trouver ma vie nullissime. J’avais cette mauvaise impression de ne servir à rien et d’avoir complètement loupé ma vie.
Je faisais juste ma petite crise d’ado que j’avais zappée à 17 ans. ( Mieux vaut tard que jamais. )
J’étouffais, je ne me sentais pas libre financièrement et j’avais la sensation de n’avoir plus le choix de rien. Un comble pour quelqu’un qui n’a jamais eu de plan de vie ou pas vraiment fait de choix. ( Oui, bon, avec le recul, je me rends compte que j’ai fait des choix mais toujours au pied du mur.)
Il m’a fallu quelques mois pour réaliser que non, ma vie n’était pas nulle et que je servais à quelque chose. Du moins, j’étais utile à mes enfants et je me consacrais à eux et à leur bien-être. C’était déjà pas mal.
Mes copines faisaient toutes des carrières, moi je faisais juste la maman.
Mon mari aussi a fait une carrière. Il n’avait pas à se préoccuper des petits détails qui agacent un patron comme la gastro soudaine de l’un ou les vacances à rallonge de l’autre. Il était donc tout le temps disponible et a pu évoluer dans sa boite au point où il en est aujourd’hui.
Finalement, c’est un travail d’équipe que l’on a fait. Le mien est juste resté dans l’ombre et ne rapporte pas d’argent. Il a juste apporté une valeur ajoutée.
Durant ces mois de mal être, j’ai appris à regarder ce que j’avais et non ce que j’avais perdu. J’ai réalisé que mon travail ne m’avait jamais passionné. En revanche, mes enfants me passionnaient.
Pour conclure.
Je suis devenue plus sereine et j’ai balayé mes regrets.
Je ne pense pas que ma vie aurait été meilleure si j’avais choisi chaque étape par moi-même.
On peut tout à fait se tromper de carrière, se tromper de mari; mais on ne se trompe pas d’enfants!
Et c’est là où je veux en venir avec cet article. Parfois, la vie décide à votre place et ce n’est pas plus mal.
Évidemment que j’ai eu des choix à faire. Et c’était des choix bien plus compliqués que de garder ou non un travail. Les choix que j’ai eus à faire ont impacté la vie de toute notre famille. Seulement, si c’était à refaire, je ne changerais pas une virgule.
Voir grandir ses enfants, réfléchir à leur avenir en les guidant est tellement gratifiant pour moi, que je n’ai besoin de rien d’autre. ( À part de partir voir des concerts d’Indochine pour me vider la tête 😅 )
Et j’ai conscience que c’est un luxe que peu de monde peut se permettre.
Cela fait bientôt 15 ans que je n’avais pas prévu d’être mère au foyer et je trouve que nous sommes franchement sous-cotées. Et c’est bien dommage.
Est-ce que je regrette de n’avoir pas fait une carrière et d’être devenue mère au foyer?
Plus maintenant. J’ai muri, vieilli et tenir ce blog me permet d’avoir mon espace pour exprimer ce que je vis et ce que je ressens. Finalement, je me sens chanceuse du tournant qu’a pris ma vie. Même si je continue d’être angoissée par moment.
J’ai aussi réalisé que rien n’arrive par hasard.
En effet, si je n’avais pas fait d’études, je n’aurais pas été capable de suivre mon fils tout au long de sa scolarité. Et je n’arriverais pas à faire les cours du CNED à ma fille.
Finalement, tout a pris un sens et chaque pièce du puzzle s’est remise à sa place.
Soyez un peu bienveillants envers les mamans qui consacrent leur vie à leurs enfants; ce n’est pas le rôle le plus simple à tenir de nos jours alors, il est inutile d’en rajouter avec des jugements hâtifs. Il n’y a pas de mieux ou de moins bien. Il y a juste ce qui nous convient à nous en tant qu’individu.
Et vous? Vous avez la sensation d’avoir toujours tout choisi dans votre vie?
N’hésitez pas à me faire part de vos expériences en commentaires ou sur ma page Facebook.
Et si notre histoire vous intéresse, vous pouvez suivre aussi nos petites aventures sur le blog.
5 Comments
Charaf
Merci pour ton commentaire qui me remonte le moral…. Laissons-nous guider par la vie.
La Parenthèse d'Or
C’est vrai, je pense qu’il faut se laisser porter aussi.
Je n’ai pas passé mon bac, j’ai un cap petite enfance, qui pour l’instant, me convient parfaitement car je fais un métier que j’aime.
Puis on verra si un jour je n’aime plus ça 🙂
Carmel
Tu as raison; il faut faire confiance à la vie. Elle nous réserve à tous quelque chose de bien 😊
theatypicalsblog
Nos histoires n’ont rien à voir et pourtant, je retrouve beaucoup de similitudes: le « pas de plan », les soucis de santé, le fait de ne pas avoir choisi d’être mère au foyer. Perso, je me fous royalement de ce que pense la société. Comme toi, mes soucis de santé ne se voient pas et nombreux sont les gens qui pensent que je profite. Tant pis, ce n’est pas pour eux que je dois vivre. Comme toi, je suis contente de suivre l’évolution de mon enfant et je fais plein de choses à côté (ou du moins j’essaye le plus possible) pour pallier au manque de carrière. Je pense d’ailleurs que ces choses m’épanouissent beaucoup plus qu’un travail ennuyeux. Courage à toi.
Carmel
Merci pour ton commentaire 😊 Je pense que nous sommes nombreuses dans cette situation et l’essentiel est de se sentir bien dans sa vie. Le reste, n’a finalement pas grande importance 😉