Les jours d'après
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Les jours d’après


Jeudi matin, j’ai su que ma fille était autiste atypique. Au delà du choc sur le moment, il y a à gérer les jours d’après.

Aujourd’hui, je prends ce blog pour mon psy ou mon journal intime, peu importe. Car je vois bien que je ne gère pas du tout ce moment « post annonce ».


Lundi 7 septembre 2019.


J’ai attendu tant de temps pour avoir des réponses que je pensais naïvement me sentir mieux ensuite. Finalement, c’est tout l’inverse. Mon cerveau me dit que ce n’est pas un drame mais mon corps tout entier ne l’accepte pas. 

Entre le discours que je tiens et ce que je pense réellement, il y a un fossé abyssal. 

C’est complètement idiot de réagir de la sorte mais je n’y peux rien.

J’ai l’impression d’avoir, toute la journée, un panneau clignotant avec écrit « autiste » devant mes yeux. Il disparait lorsque je m’endors et réapparait chaque matin, depuis jeudi dernier.

Alors, je donne le change. Je fais tout pour avoir l’air normale mais lorsque je me retrouve seule ça tourne en boucle dans mon cerveau. La réalité est que je ne pense qu’à ça. 

J’écris pour tenter de vider ce qu’il y a à l’intérieur de ma tête car je n’arrive plus à écouter le silence.

Je me repasse la scène dans ce bureau où tout a changé pour moi. Je la rejoue dans toutes les versions et celle que je préfère est celle où on me dirait que non, ma fille n’est pas autiste; qu’elle est juste un peu perturbée au niveau de ses relations sociales mais que ça va aller.

Tout le monde me dit que ce n’est pas une mauvaise nouvelle; que l’on va enfin pouvoir avancer et l’aider au mieux. Je le sais. Pour autant, je ne digère pas l’information.

Les jours d’après

La fin de la quête?

Et si ma quête était terminée? Cette quête de 14 ans où j’ai cherché à comprendre ce qui n’allait pas chez elle.

La vérité de tout ça est que je ressens un vide au fond de moi. Vous savez ce vide que vous ressentez après avoir dévoré toutes les saisons d’une série Netflix? ( Oui, j’ai de super références, je sais ! )

Ou encore ce vide que j’ai ressenti au départ de mon fils. Je commençais à l’accepter et à m’habituer un peu mieux à son absence. Quand on a l’impression de remonter à la surface, on vous rajoute une pierre à la cheville? J’ai besoin qu’il soit là et qu’on en parle. Il revient vendredi mais je ne veux pas le polluer avec mes états d’âme.

Qu’est-ce que je vais faire de tout ce temps que je ne consacrerai plus à me poser mille et une questions? Je connais déjà la réponse car je sais exactement tout ce que j’ai à faire. Mais je ne suis pas encore prête pour l’étape suivante. Je ne suis pas encore prête à passer en mode Warrior.

Alors, je procrastine. (Déjà que c’est mon sport favori 😬)

J’attends que les heures passent devant ces cours du CNED qui me semblent tellement inutiles tout d’un coup !

Les jours d’après

Je crois que j’ai juste besoin de temps. 

Dans la vie, on attend toujours quelque chose, on se fixe des objectifs à atteindre. On passe notre temps à se dire:

Lorsque j’aurai ça ou ça, je pourrai faire ça !

Une fois le but atteint, on passe à autre chose et ainsi va la vie.

Mon objectif principal était de comprendre pourquoi Sarah se comportait différemment. À présent, je sais.

Mais je ne sais juste pas quoi faire de cette information. Tout le monde cherche à me rassurer et à dédramatiser.

Je ne parlerais pas des réactions idiotes auxquelles j’ai été confrontée.

La meilleure étant:

N’importe quoi ! Ta fille (que je ne n’ai absolument jamais vue mais je suis devin) n’est pas autiste. C’est juste la nouvelle mode.

( Ferme ta grande G***** ! )

Je n’arrive pas à entendre que cela ne change rien. Je n’ai pas non plus envie que l’on me raconte ses propres problèmes. J’en ai assez des miens et pour une fois, il m’est vital d’être égoïste. J’ai le droit de me plaindre et de ne pas aller bien.

Et vous avez le droit de ne pas avoir envie de m’écouter. ( Enfin, là je suis sur mon blog alors je fais ce que je veux 😶)

En revanche, stop me demander d’être l’oreille attentive quand c’est moi qui ai besoin d’être écoutée !

Prenons un peu le large dans ce cas. J’ai besoin d’espace. 

Et si on me laissait un peu faire ma Drama Queen pour une fois? Car non, ce n’est pas rien ! Ma fille n’a pas un simple rhume. 

Qu’est-ce que l’on fait les jours d’après?

Quand je repense à ces 15 dernières années, cette annonce me semble être la goutte de trop.

J’ai tellement peur pour son avenir que je ne sais plus quoi faire de mon présent.

J’ai besoin de me laisser porter par des professionnels ou par ceux qui ne jugent pas mes coups de moins bien. Je sais que je vais en avoir quelques uns et, je l’accepte.

Même si je ne suis pas du genre à me laisser abattre, là je suis abattue… Un peu à terre, pour être plus précise.

Ma fille ne comprend pas vraiment pourquoi je le vis aussi mal mais elle sait que c’est le cas car, je ne lui cache rien.

Elle ne trouve pas ça grave.

Je crois qu’elle attend juste que ça passe, que j’avale la pilule. Pour une fois, je ne culpabilise même pas de ne pas aller bien, de ne pas accepter. Car j’ai toujours su, tout au long de ma « quête » que c’était précisément LA chose que je ne serais pas capable de digérer spontanément.

Et si je reprenais un peu mon souffle? 

Vous aussi vous avez eu des nouvelles difficiles à digérer? Venez m’en parler en commentaires ou sur Facebook. Aujourd’hui, c’est moi qui ai besoin d’être rassurée…

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