Les troubles du comportement,  Mes dossiers

Quand le harcèlement scolaire s’en mêle


Est-ce les troubles du comportement de ma fille, Sarah, qui ont entraîné le harcèlement scolaire? Ou est-ce le harcèlement scolaire qu’elle a subi qui a aggravé ses troubles du comportement? Je ne sais pas. Je vais simplement vous raconter l’histoire de la scolarité de Sarah après l’arrêt des prises en charge avec le CAMSP.

Avoir une enfant en situation de handicap et ayant des troubles du comportement est un peu un parcours du combattant. On ne sait jamais si on fait bien ou mal. Le doute est toujours présent.

Je ne savais pas, en revanche, que j’allais découvrir le harcèlement scolaire.

Vous savez, celui que votre enfant subit juste parce qu’elle est différente et n’a pas les mêmes codes sociaux que les autres. Celui qui détruit psychologiquement. Celui qui, malgré ses différences de perception évidentes, finit par lui faire réaliser qu’elle est rabaissée et mise à l’écart de manière récurrente, quotidienne et ce, tous les ans. C’est cela le vrai harcèlement .

Vous vous demandez peut-être pourquoi cet article sur le harcèlement scolaire est dans la catégorie des troubles du comportement.

Tout simplement car je reste persuadée que tout est lié et je vais essayer de vous expliquer en quoi. En espérant que cela pourra aider d’autres parents dans notre situation.

Avant de continuer, je vous renvoie à la lecture de mon premier article sur les troubles du comportement ici.

Reprenons donc où nous nous étions arrêtés.

Sarah est rentrée à l’école à l’âge de 4 ans en petite section de maternelle. J’étais dans l’euphorie de ce début de scolarité, persuadée que le pire était enfin derrière nous. En tant que maman, j’étais alors partagée entre mon regard non objectif sur ma fille et la réalité qui me sautait aux yeux dès que je retrouvais un peu de lucidité. 

La maternelle sans harcèlement scolaire

1- Les années de répit en maternelle.


Sarah est restée deux ans dans sa première école. Je l’ai ensuite mise dans la même école privée que son frère pour des questions pratiques. 

De plus, savoir qu’il pouvait avoir un petit oeil sur elle, me rassurait un peu. 

L’année de grande section s’est relativement bien passée. Elle avait toujours une AVS à ses côtés et semblait prendre du plaisir à aller à l’école. 

Lorsque je voyais l’institutrice, ma principale question était toujours la même: 

Est-ce que Sarah joue avec les autres enfants? 

La maitresse me disait qu’il n’y avait aucun souci à ce niveau-là.

Seulement, je n’étais pas dupe. Je voyais bien qu’elle n’avait pas d’invitations aux anniversaires et qu’elle ne semblait pas vraiment intégrée au groupe classe. 

Je ne pouvais pas m’empêcher de faire la comparaison avec son frère qui avait une vie sociale bien plus importante. Même si c’est complètement ridicule de parler de vie sociale à cet âge-là. Je ne sais juste pas comment appeler un chat, un chat.

De plus, Sarah refusait toujours de fêter ses propres anniversaires ou d’inviter des copines à la maison. Je pense que cela aurait dû m’alerter. 

Je me posais des questions, bien-sûr. Mais je partais toujours du principe que chaque enfant étant différent, elle avait bien le droit de ne pas aimer les goûters d’anniversaire. Ou encore, le droit de ne pas vouloir inviter de camarades de classe chez nous. 

C’est alors que l’entrée en CP a marqué un vrai tournant dans sa vie d’écolière. 

Le CP et le début du harcèlement scolaire

2- L’entrée au CP: le début de la désillusion.


Sarah suivait plutôt bien à l’école même si elle avait des difficultés évidentes. 

Elle avait du mal à écrire de manière lisible et l’acquisition de la lecture était très laborieuse. 

Il y avait une certaine opacité entre le corps enseignant et nous, les parents. 

Chaque fois que je demandais si tout allait bien, la maitresse me répondait invariablement

Oui.

Ma question était certes un peu vague, mais elle était claire. Elle sous entendait:

Est-ce que tout se passe bien au niveau des apprentissages et au niveau relationnel?  

Apparemment, je ne devais pas être si claire que ça.

Au bout de quelques mois, la maitresse m’a demandé de faire pratiquer un bilan orthophonique à Sarah. Je tombais des nues mais je me suis exécutée.

Sarah a alors entamé des séances chaque semaine chez une orthophoniste, Karen, car tout n’allait pas si bien que cela. (Elle continue encore aujourd’hui ce suivi.)

Je consacrerai d’ailleurs un article sur les troubles des apprentissages liés au syndrome de Turner, mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui.

Sarah n’avait donc pas tout à fait le même rythme que les autres élèves. Tous les vendredi après-midi, elle allait chez Karen mais ne retournait pas à l’école ensuite. Les séances la fatiguaient beaucoup trop. 

Les désillusions ont continué de plus belle mais pas comme je l’aurais imaginé.


➤ Le harcèlement scolaire dissimulé.


Chaque soir, je regardais le contenu de son cartable et je voyais des mots de la maitresse me demandant sans cesse de remplacer les feutres, les stylos, ou tout autre matériel scolaire.

Je ne comprenais pas comment on pouvait user autant de choses en une semaine.

Sarah ne parlait pas beaucoup de l’école ni de ses camarades. Je lui posais des questions mais je n’avais jamais de réponse.

À force de devoir remplacer son matériel à une fréquence anormale, j’ai fini par lui demander sur le ton de l’humour si elle mangeait ses affaires.

Non maman. Les autres jettent mes affaires par terre et les écrasent en sautant dessus. On me vole mes stylos et mes crayons et on jette mes dessins dans les toilettes.

Je suis obligée de recommencer mon travail parce que mes dessins sont fichus.

Et à la récréation, on me court après en me hurlant dans les oreilles; on m’imite alors je suis obligée de rester enfermée dans les toilettes pour être tranquille.

Cela durait depuis des semaines, quotidiennement. J’étais en train de réaliser que ma fille subissait purement et simplement ce que l’on appelle le harcèlement scolaire.

Elle m’a raconté cela comme si c’était évident d’être maltraitée par les autres enfants. J’ai failli m’étouffer! 

Elle ne savait pas que ce n’était pas normal d’être traitée de la sorte. Alors, elle ne m’avait rien dit. On en revient toujours à ce problème des codes sociaux qu’elle ne comprenait pas.

Les autres enfants sentent lorsqu’ils peuvent s’en prendre à une personne qui n’ira pas se plaindre. Et c’est précisément ce qu’il s’est passé. La maitresse n’avait rien vu et l’AVS non plus. Ou bien, elles n’ont pas voulu voir. Je ne sais pas en réalité. Le harcèlement touche bien souvent le même genres de profils. J’aurais dû le savoir.

Je comprenais mieux la vie sociale inexistante de Sarah mais j’étais surtout en colère! D’autant plus lorsque la seule réponse de la directrice était que Sarah devait s’endurcir. Je crois n’avoir jamais rien entendu de plus stupide de ma vie! Ma fille était traitée comme une moins que rien et c’était à elle de s’endurcir. 

Son frère, très énervé par la situation a carrément frappé les élèves qui harcelaient sa soeur. Étrangement, je n’ai jamais été convoquée par la direction de l’école.

Au final, une attention plus particulière a été accordée à Sarah et l’année scolaire s’est terminée à peu près normalement. 

Cet événement a été considéré comme un « petit accident » de parcours qui ne se reproduirait pas. Le pire est que j’en était persuadée aussi.

La 1ère copine en CE1

3- Une année de répit, en CE1.


En CE1, Sarah avait comme institutrice son ancienne AVS de première année de maternelle, Céline

Elle veillait sur elle et s’assurait que personne ne l’embête. Elle était clairement son ange gardien. Grâce à elle, j’étais plus sereine.

Cette année-là, Sarah a d’ailleurs eu sa première vraie copine. Sa seule copine. 

J’avais l’impression qu’elle prenait enfin du plaisir à jouer avec d’autres enfants. Du moins, elle essayait de s’intégrer et ne passait plus les récréations toute seule.

Je suis persuadée aujourd’hui que sans Céline, les choses ne se seraient pas passées de cette manière. Elle connait bien Sarah et elle sait comment faire avec elle. Surtout, elle ne laissait personne la traiter de manière inappropriée. 

Si toutes les institutrices étaient comme elle, il y aurait moins de problèmes dans les écoles.

Malheureusement, Céline ne pouvait pas suivre Sarah en CE2. 

harcèlement scolaire dissimulé

4- L’entrée au CE2: un tournant dans la scolarité de Sarah.


Sarah avait toujours des troubles du comportement dans le sens où elle avait un grand besoin de ritualisation et n’aimait pas trop se lier aux autres enfants. 

Son frère était rentré au collège; elle se retrouvait donc seule sans personne pour la défendre. 

Elle avait toujours la même et unique copine avec qui elle s’entendait bien. En revanche, les interactions avec les autres étaient un peu plus difficiles.

Avec le recul, je pense qu’elle faisait de gros efforts pour être comme tout le monde. 

Cette année-là, Sarah a commencé à faire des malaises presque tous les soirs.

Cela se manifestait toujours de la même manière; elle avait des vertiges, des maux de tête et se sentait vraiment mal.

Nous avons terminé plusieurs fois à l’hôpital. Les médecins pensaient à un problème d’hypertension lié à sa cardiopathie congénitale. Mais ils n’étaient sûrs de rien; les symptômes de Sarah étant un peu compliqués. 

Elle disait avoir tout le temps la tête qui tourne. J’ai donc pris contact avec son cardiologue sur Marseille qui nous a fait venir en urgence.


➤ Le départ sur Marseille en catastrophe pour une consultation en cardiologie pédiatrique.


Je ne vous cache pas que nous sommes partis de Corse complètement en stress avec mille et un scénarios catastrophes en tête. Mais la réalité était en fait très loin de ce que nous avions pu imaginer.

Bizarrement, loin de l’école, Sarah semblait aller mieux. 

Son cardiologue lui a posé un holter tensionnel durant 24 heures, l’échographie cardiaque n’ayant rien révélée. Il ne comprenait pas les malaises de Sarah et ne voulait passer à côté de rien.

Quand le harcèlement scolaire vient d’où on ne l’attend pas! 

Le deuxième soir à Marseille, lors d’une discussion avec son papa, Sarah a lâché tout ce qu’elle nous cachait depuis trois mois.

Sa nouvelle AVS (elle en changeait tous les ans) l’humiliait et la maltraitait verbalement dans le dos de son instituteur. Elle s’énervait pour un oui ou pour un non après elle.

Une AVS est assise seule avec l’enfant en classe. C’est donc facile pour elle de dire n’importe quoi sans que personne ne s’en aperçoive.

Sarah entendait donc tous les jours et toute la journée de la bouche de cette personne:

Tu es débile!

Tu ne comprends rien à rien!

Tu es bête!

Tu es nulle!

Tu n’arriveras jamais à rien!

Tu m’énerves!

Et j’en oublie.

Encore une fois, elle n’avait rien dit. C’est juste son corps qui avait fini par parler à sa place

Sarah, qui manquait déjà de confiance en elle, était dans un tel état de stress qu’elle s’en était rendue malade. Nous avons donc compris en une demi-soirée pourquoi nous étions à Marseille.

Le cardiologue a conclu à des malaises d’hypertension liés à des situations de stress intense. 

Autant vous dire que nous avons déclenché la troisième guerre mondiale à l’école.

Nous avons alerté l’inspection académique, la direction, la MDPH et une réunion a eu lieu immédiatement après notre retour de Marseille. 

L’AVS a été virée et remplacée sur le champ. Les excuses de l’équipe pédagogique n’ont pas atténué notre envie d’étriper cette femme.

Que des enfants harcèlent ma fille c’était déjà inacceptable. Mais une adulte censée être là pour l’aider et la valoriser, c’était un comble.

Après quelques jours de repos et l’assurance qu’elle ne reverrait plus jamais cette AVS, Sarah n’a plus fait de malaises et a pu retourner à l’école.

L’année scolaire de CE2 s’est ainsi achevée dans un certain calme, même si j’ai eu du mal à redescendre dans les tours.

Harcèlement scolaire à son apogée

5- Les années de CM1 et CM2: le harcèlement scolaire à son apogée.


Sarah n’aimait clairement plus aller à l’école. De plus, elle était tout le temps fatiguée car ses troubles des apprentissages lui demandaient énormément d’efforts pour suivre au même rythme que les autres. Elle avait toujours l’angoisse de mal faire. Je l’aidais énormément et cela la rassurait un peu.


➤ L’apparition des TOCS.


Elle prenait aussi énormément sur elle. Seulement, j’ai constaté au fil des mois qu’elle développait des tocs.

C’était très étrange car elle pouvait avoir un toc différent selon la période. Cela allait du lavage de mains 50 fois par jour, jusqu’à avoir les mains en sang, aux ritualisations à outrance. Ses rituels pouvaient lui prendre des heures.

J’ai su, à ce moment-là, que je devais la ramener consulter un psychologue.

Sarah était complètement dans l’opposition à ce sujet. Elle n’avait plus aucune confiance en personne. Et emmener une enfant de force chez un psy, ne peut pas donner de bons résultats. Je devais donc la préparer à cette idée. Cela a pris un certain temps où je l’ai gérée du mieux que je le pouvais. J’ai essuyé beaucoup de larmes à cette époque.


➤ L’arrivée d’une Nellie Olson dans sa classe.


En plus de l’apparition de ces tocs, j’ai constaté que Sarah se renfermait de plus en plus. Elle ne voulait même plus parler à la seule copine qu’elle avait. J’ai pensé qu’il s’était passé quelque chose mais elle m’a juste dit que leurs centres d’intérêts n’étaient pas les mêmes. 

À la récréation, je préfère courir après les pigeons plutôt que de jouer avec les autres. Je veux rester seule. 

On était dans le courant de l’année de CM1, et elle était constamment mise à l’écart ou elle se mettait elle-même à l’écart.

Sarah n’arrivait pas à comprendre les autres alors elle s’isolait. 

Dans sa classe est arrivée une Nellie Olson, mais en pire. Sarah a alors commencé à me dire que cette fille l’embêtait tout le temps.

Cette gamine entraînait avec elle, une bonne partie de la classe.


L’année de CM2, l’année de trop.


J’étais régulièrement parent accompagnateur pour des sorties scolaires ou pour la piscine et je voyais bien que Sarah était complètement isolée. J’avais l’impression que cela ne semblait pas l’affecter. Elle me cherchait tout le temps du regard, les autres n’existaient pas.

Je me trompais lourdement.

Un jour, elle est sortie de l’école contrariée, une fois de plus. C’était récurrent mais elle ne m’expliquait jamais pourquoi. Alors, J’ai pensé qu’elle avait peut être loupé ses évaluations de la matinée. Elle m’a dit qu’elle était juste fatiguée.

Je ne l’ai pas crue car je connaissais cette expression sur son visage mais je n’ai pas insisté. Lorsque Sarah ne veut pas parler, il est inutile d’essayer. Elle peut rester muette des heures face à nos questions.

Le soir, je surprends une conversation avec son père:

Aujourd’hui, pendant que nous étions dans le rang, des filles se sont moquées de moi et m’ont dit de « dégager » derrière tout le monde car j’étais seule. Je n’ai pas voulu y aller. Elles me l’ont répété plusieurs fois, en riant. 

Je suis toujours seule dans le rang car personne ne veut me donner la main. Personne ne me parle jamais, sauf pour se moquer de moi. 

J’ai l’impression d’être invisible, ils font comme si je n’existais pas. Ce n’est pas parce que je suis « malade » que les autres doivent agir comme ça avec moi. C’est comme ça tous les jours, à chaque récrée.

Elle avait réussi à dire ce qu’il se passait vraiment à l’école.

Ces moqueries, ces mises à l’écart étaient son quotidien depuis des mois.

C’est aussi pour ça qu’elle préférait s’isoler. C’était un peu le serpent qui se mordait la queue. Elle n’arrivait pas à s’intégrer donc on l’humiliait. Et plus on l’humiliait, plus elle se renfermait.

C’est pour cette raison que cet article est lié aux troubles du comportement. 

La goutte d’eau a été la fois où elle a été obligée de présenter des excuses devant toute la classe pour quelque chose qu’elle n’avait pas fait. 

La Nellie Olson avait persuadé leur instit que Sarah s’était mal comportée. 

Sarah est rentrée en larmes à la maison, elle ne voulait plus mettre un pied à l’école.

N’en pouvant plus de voir ma fille se mettre dans ces états, Je suis intervenue, une fois de plus. Je ne comprenais pas pourquoi l’école prenait autant les choses à la légère. La direction considérait ces faits comme des petites querelles entre camarades; comme des épiphénomènes. 

À aucun moment, il n’a été prononcé les termes de harcèlement scolaire.

Sauf que le harcèlement scolaire concerne des actions d’intimidation, d’humiliation ou de mise à l’écart répétées plusieurs fois dans une journée et étalées sur plusieurs semaines ou années. Il ne s’agissait donc plus d’une situation isolée. D’autant que cela venait toujours de la même gamine. 

Au fur et à mesure que j’écris, j’ai l’impression que toute cette histoire de scolarité est un vrai sketch!

Stop le harcèlement!

➤ Un jour, j’ai complètement disjoncté.


Nous étions au mois de mai. L’école organisait une pièce de théâtre que Sarah avait pris beaucoup de plaisir à préparer. 

Le jour de la représentation, toute la classe était dans une salle avant de monter sur scène, surveillée par une de leur ancienne institutrice.

J’ai pris Sarah à part et je lui ai demandé de me montrer les filles qui faisaient de sa vie un enfer.

Je me suis plantée devant la porte, sous les yeux de cette instit et j’ai interpellé un groupe de trois filles, dont la fameuse Nellie Olson.

Vous voyez ma fille? Je vous interdis de l’approcher, de lui parler, ou de la regarder! Vous n’avez pas le droit de la traiter de cette manière. Ce que vous faites est puni par la loi. Je vais porter plainte et vos parents vont avoir de très gros problèmes. Je vous conseille donc de ne plus jamais vous approcher de Sarah. C’est clair pour tout le monde? 

(J’hurlais en fait.)

Sarah s’est mise à pleurer de soulagement. Les trois gamines hochaient bêtement la tête et l’instit m’a laissée faire.

Comme je vous comprends. Vous avez bien fait.

À la base, un adulte n’a pas le droit de parler aux enfants dans l’enceinte de l’école. J’ai outrepassé ce droit et je m’en fichais en fait. Et la réflexion de cette instit m’avait choquée dans le sens où cela validait le fait qu’elle savait qu’il se passait des choses anormales au sein de cette classe.

Autant vous dire que j’ai littéralement plombé l’ambiance de la pièce de théâtre car ces petites pestes se sont mises à pleurer. Je ne me suis pas démontée et j’ai assisté à la représentation en toute détente.

Mais il y a eu des conséquences, vous vous en doutez. Pas celles que vous imaginez en revanche.


➤ Une fin d’année écourtée.


Deux jours après cette pièce de théâtre, Sarah est rentrée en larmes de l’école. Encore. 

La classe répétait le spectacle de fin d’année. Nellie Olson et ses copines ont commencé à la menacer et à l’empêcher de répéter la danse de la kermesse.

On a tout raconté à nos parents et ils sont allés chez le directeur. Ta mère va être convoquée et c’est vous qui allez avoir des problèmes. Elle n’avait pas le droit de nous parler comme ça.

Et puis dégage de là! 

J’ai gardé le plus grand des calmes et j’ai téléphoné à l’école.

On m’a répondu qu’effectivement, il y avait eu une plainte des trois parents à mon encontre. Le directeur leur a simplement dit:

Nous ne convoquerons pas la maman de Sarah, car ce sont vos filles le problème, pas Sarah. 

En gros, on était en train de me confirmer que tout le monde savait? Ma fille a été humiliée durant des mois voir des années et personne n’a bougé malgré mes nombreux signalements?

Ce jour-là, j’ai décidé de mettre un point final à la scolarité classique de Sarah.

Elle n’a ni participé à la kermesse ni terminé l’année scolaire. 

Elle était juste détruite psychologiquement et épuisée. 

J’ai pris la décision, avec son accord, de la déscolariser avec le CNED pour sa rentrée en 6ème. De toutes manières, le collège allait devenir trop compliqué au niveau des aides que l’on me proposait pour Sarah. (La déscolarisation avec le CNED fera d’ailleurs l’objet d’un article.)

Je lui avais juste posé une condition: accepter d’avoir enfin un suivi avec un psychologue. Elle a accepté; tout sauf retourner en classe.

Aujourd’hui, Sarah refuse absolument tout contact avec des enfants de son âge ou plus petits. Elle ne veut faire aucune activité incluant une quelconque interaction avec qui que ce soit et ne se sent bien qu’avec des adultes ou ses animaux.

Son psychologue essaye d’adoucir le traumatisme de ces années d’école mais tout est encore à vif.

pour conclure sur le harcèlement scolaire

6- Pour conclure sur le harcèlement scolaire.


Ma fille était dans une école privée, par choix. Ses difficultés aurait dû être plus simples à gérer dans ce genre de structure. Je ne pensais pas que nous aurions autant de problèmes au sein de cette école ni que les enfants seraient aussi méchants et aussi peu éduqués. À ce stade, il y a un vrai manque d’éducation.

Mais comment voulez-vous que ces enfants soient éduqués quand les parents ne le sont pas? J’ai entendu une maman se moquer ouvertement de ma fille, un jour à la sortie de l’école. Elle ne savait pas que j’étais la maman. Lorsque l’on en arrive là, on se dit qu’il n’y a pas beaucoup d’espoir pour ces gens-là.

Ne croyez pas que je n’ai rien essayé durant toutes ces années. J’ai passé tant et tant d’appels à l’école pour signaler qu’il y avait un problème. Les choses étaient sans cesse minimisées.

Ce n’était pas des épiphénomènes ou des petites querelles d’enfants. Mais bien du harcèlement scolaire que ma fille a subi durant cinq années. Que ce soit par les élèves ou par cette AVS.

Cinq années où nous avons passé notre temps à intervenir et à essayer de la protéger. Où on nous a persuadés que Sarah était potentiellement le problème. À cause de ses troubles du comportement justement.

Il ne fallait pas faire de vagues, alors autant faire l’autruche histoire de garder une bonne réputation.

Les campagnes contre le harcèlement scolaire me hérissent le poil.

Dans les faits, il ne se passe rien. On étouffe les évènements et on arrive à convaincre les parents que ce n’est pas grave. Enfin, c’est mon point de vue, après un vécu sur cinq ans d’une situation complètement surréaliste.

Il faut toujours partir du principe que du moment que c’est grave pour votre enfant et qu’il en souffre, alors c’est grave tout court.

Et c’est là où je veux en venir. Trop de monde utilise le terme de harcèlement scolaire à tort et à travers alors l’enfant ne peut pas être pris au sérieux.

Ma fille n’a pas la même perception des choses que tout le monde dans le sens où ses codes sociaux sont altérés. Elle n’a pas su de suite que personne n’avait le droit de la traiter de cette manière.

Lorsqu’elle l’a réalisé, c’était trop tard. Évidemment qu’elle a un problème d’interaction avec les enfants mais cela n’excuse en rien les brimades et les humiliations qu’elle a subies.

La changer d’école n’était donc pas la solution car je sais qu’elle aurait rencontré les mêmes problèmes.

Pour moi, la déscolarisation s’est imposée. Surtout quand le harcèlement scolaire a laissé un traumatisme tel qu’il est mêlé à des troubles du comportement avérés et des troubles des apprentissages très handicapants.

Dans le prochain article, je vous raconterai les nouvelles prises en charge mises en place suite à la déscolarisation de Sarah avec le CNED.

Je vous invite donc à me suivre si vous souhaitez en savoir plus. N’hésitez pas à partager vos expériences avec moi en commentaires ou sur ma page Facebook.

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