vers une impossible socialisation
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Vers une impossible socialisation


Lorsque j’ai décidé de déscolariser ma fille, Sarah, avec le CNED, j’avais bien conscience qu’il faudrait trouver des idées pour l’aider à se socialiser. Je me suis alors retrouvée confrontée à une impossible socialisation!

Je n’avais juste pas réalisé l’énergie que cette scolarité à domicile allait me demander. Et l’énergie, c’est ce dont je manquais et manque encore cruellement! Mais je vous en parlerai dans un autre article. 

Le plan de départ était de remettre Sarah sur les rails de l’estime de soi et de lui redonner le goût des autres. 

Évidemment, ce n’est pas une chose que je pouvais faire sans aide. 

Alors, j’ai cherché des solutions durant ces trois années. On ne peut pas dire que j’ai trouvé le remède miracle mais j’ai eu au moins, le mérite d’essayer.

Je me suis tout d’abord tournée vers un psychologue afin qu’il suive Sarah de manière hebdomadaire. 

Avant de poursuivre la lecture de cet article, je vous renvoie aux raisons qui nous ont poussées à poursuivre la scolarité de Sarah à domicile avec le CNED.

Vers une impossible socialisation

Le suivi psychologique dès la 6ème: l’étape clé vers le mieux.


Durant l’été 2016, j’étais bien décidée à ce que Sarah ait un suivi avec un psychologue. Elle avait toujours été opposée à cette idée mais elle savait qu’elle n’avait plus le choix. 

Elle n’allait pas bien et avait besoin d’être aidée par une personne extérieure. 

J’ai trouvé le psychologue de Sarah un peu au hasard et j’ai de suite senti que serait le bon. 

Lorsqu’une personne s’occupe de ma fille, j’ai besoin que le courant passe un minimum. Je sais que les prises en charge s’étalent souvent dans le temps alors c’est important que les relations soient bonnes. 

Au départ, Sarah était totalement fermée avec lui. Elle se demandait pourquoi elle y allait, persuadée de ne pas en avoir besoin. 

Au fur et à mesure des séances, elle s’est un peu plus ouverte. Lui, a découvert une petite fille anxieuse, traumatisée par l’école, accrochée à ses rituels, ses phobies et ses tocs. 

Finalement, Sarah a commencé à coopérer et à assouplir quelques rituels; les crises d’angoisse ont très fortement diminué mais la socialisation restait le gros point noir. 

Il n’y avait pas que ça comme problèmes; mais on dira que c’était les plus importants. 

La thérapie qui devait durer quelques mois entame sa quatrième année.

Non pas par incompétence du thérapeute mais parce que le cas de Sarah est très complexe. Elle a besoin de temps, alors il prend le temps. 

Et, chose non négligeable, il se remet souvent en question vis à vis d’elle et de la façon d’aborder chaque situation. Peu de thérapeutes ont cette capacité.

Régulièrement, nous faisons des bilans ensemble. J’aime bien qu’il cherche sans cesse de nouvelles pistes.

Disons que ce suivi psy est la pierre angulaire de toutes les prises en charge de Sarah car c’est dans son cabinet que l’on élabore des stratégies et que l’on décide de tenter telle ou telle chose. 

C’est aussi dans ce cabinet que je peux m’épancher sur mes doutes et mes craintes sans peur du jugement, en toute liberté. 

Au final, ce suivi psy est un suivi en duo avec ma fille car il me pousse aussi un peu dans mes retranchements. Aider la maman pour mieux soigner la fille, c’est un peu l’idée!

D’ailleurs, ce blog est littéralement né dans son bureau et pour ça, je l’en remercie. 

Cette année, sa manière d’aborder la socialisation de Sarah me plait beaucoup. Mais je vous en reparlerai! Si je dis tout d’un coup, il n’y a plus de suspens et vous n’aurez plus envie de me lire 😅

L’année de 6ème était un peu une année test. 

J’avais la tête pleine de bonnes résolutions sur tout ce que je voulais faire avec Sarah. La réalité m’a très vite rattrapée. Entre les rendez-vous chez l’ergothérapeute, l’orthophoniste, le psychologue et les cours du CNED, les semaines passaient à une vitesse phénoménale. 

On n’avait le temps de rien et je n’avais de cesse de chercher notre rythme.

Au final, l’année s’est terminée et je n’avais rien tenté pour remettre Sarah en contact avec des enfants. Enfin, rien de concret hormis tout ce que j’ai cité plus haut. Cela l’arrangeait bien d’ailleurs, car c’est exactement ce qu’elle voulait! 

À la rentrée de 5ème, j’étais vraiment prête à entamer des démarches supplémentaires pour trouver des solutions adaptées pour Sarah.

C’est alors que j’ai entendu parler d’un pédopsychiatre qui s’occupait d’une structure, le CISA (Centre d’Intersecteur pour l’Adolescent ). 

Vers une impossible socialisation

L’année de 5ème et l’expérience du CISA.


Lors du premier rendez-vous avec ce pédopsychiatre, j’ai eu un tas de promesses. J’en suis sortie regonflée à bloc, pleine d’espoir. 

Il était clair pour l’équipe que Sarah était un cas très compliqué. Mais ils semblaient sûrs d’eux et des progrès qu’elle ferait à leurs côtés. Ils voulaient prendre les choses en main et ont décidé que Sarah irait dans le centre, trois heures par semaine. 

J’ai alors jonglé entre les séances chez le psychologue, l’orthophoniste, l’ergothérapeute, le CISA, et le CNED.

Au bout d’un mois, j’étais à bout. C’est comme ça que j’ai embauché un prof de maths. Je n’y arrivais plus et cette matière était trop difficile pour Sarah.

Cette année-là, j’ai eu l’impression de courir dans tous les sens. Même si je crois que ce n’était pas vraiment une impression. 

Sarah allait volontiers au CISA mais je ne voyais aucune amélioration. Elle passait son temps seule avec un soignant. Il n’y avait jamais de contact avec d’autres enfants.

Lors de nos visites bilans avec le pédopsychiatre, il nous faisait miroiter des tas d’activités qui n’ont jamais été faites. Des sorties au cinéma, des ateliers cuisine avec d’autres enfants, des promenades et j’en passe. Au final, Sarah n’a jamais quitté les quatre murs du centre et n’a jamais été mise en contact avec personne. 

Les mois passaient et il ne se passait rien. J’avais la sensation que nous perdions vraiment notre temps.

Entre ça et l’ergothérapeute qui la faisait jouer au Uno au lieu de lui apprendre à être autonome sur clavier, j’étais dépitée. 

La socialisation forcée ou le rendez-vous de trop.

Fin juin, j’ai bien failli avoir une attaque lors du dernier rendez-vous avec le pédopsychiatre.

En toute détente, il m’annonce que ma fille est juste têtue comme une mule et que c’est pour cette raison qu’elle refuse de se lier aux autres enfants ou de leur parler. 

Mais, il avait LA solution à notre problème! 

Il avait comme projet de l’hospitaliser durant l’été, à plusieurs reprises, dans son service, en pédopsychiatrie pour l’obliger à participer à des groupes d’activités avec ses autres petits patients. De cette manière, elle n’aurait plus le choix et elle aurait un déclic!

J’étais littéralement sonnée! Je venais de passer une année scolaire entière à emmener ma fille dans ce centre où rien n’avait été fait et la conclusion était qu’il fallait limite l’interner pendant les grandes vacances? 

Sarah est sortie de cette consultation en larmes. Elle pensait que j’allais accepter. 

Je lui ai alors promis que, moi vivante, elle ne mettrait jamais les pieds dans cet hôpital. 

C’est comme ça que j’ai décidé de mettre un terme à cette prise en charge avec le CISA. 

Nous avons perdu notre temps et notre énergie et Sarah était encore plus traumatisée car elle pensait qu’il fallait l’interner.

Lorsque j’écris ces lignes, je réalise que je ne suis pas toujours tombée sur les bons professionnels. Je ne pensais pas qu’un jour, on en arriverait à ce genres d’extrêmes.   

L’été qui a suivi l’année de 5ème, j’ai craqué; psychologiquement et physiquement. 

L’été où le temps s’est un peu arrêté. 

Quelques jours après ce rendez-vous calamiteux, j’ai eu le cou complètement bloqué. Il faut savoir que je souffre (entre autre) d’une double névralgie du nerf d’Arnold depuis 15 ans qui m’occasionne des maux de tête H24. J’ai un traitement plutôt lourd pour mieux supporter la douleur à base de codéine, tous les jours.

J’ai donc pensé que je faisais une énième crise de névralgie. 

En l’espace de quelques heures, j’étais bloquée avec une impossibilité de bouger la tête et le corps sous peine de ressentir des décharges électriques violente dans tout mon crâne. Mise sous cortisone durant plusieurs jours, j’étais condamnée à ne plus bouger de mon canapé. Et la descente aux enfers à commencé.

Je suis passée par tous les stades des émotions, surtout les plus négatives. Incapable de faire quoi que ce soit, tant j’étais épuisée, je passais mon temps à pleurer ou à dormir. Mon psychiatre m’a annoncé que je faisais un genre de burn-out. La seule chose à faire était alors de dormir et de prendre mes traitements.

Je voyais les semaines passer et je n’étais capable de rien. Je culpabilisais de ne pas m’occuper correctement de mes enfants mais je n’y arrivais plus.

Sarah était plutôt cool car si on ne la sollicite pas, elle ne demande rien. Elle restait auprès de moi toute la journée.

Je dirais qu’il a fallu quasiment deux mois pour que je retrouve à peu près forme humaine. 

Avec le recul, je sais que mon corps a réagi à sa manière suite à cette année scolaire un peu trop agitée. Et je sais aussi que ce dernier rendez-vous avec ce pédopsychiatre a été l’élément déclencheur, la gâchette sur laquelle il ne fallait pas appuyer. Car j’ai une longue carrière de flippée chronique moi aussi! (Je vous ferai peut-être un article à ce sujet si cela peut en aider certains.)

Bref, je ferme la parenthèse sur moi et je reviens au sujet initial!

Le début de l’année de 4ème a été l’occasion de réfléchir sur d’autres pistes à explorer avec le psy de Sarah.  

La socialisation compliquée

L’année de 4ème et les tentatives de socialisation avortées.


Suite au constat des échecs évidents de socialisation, il fallait trouver une autre manière de l’aborder, de préférence en douceur.

Sarah adore les animaux; pourquoi ne pas se servir de ça pour l’aider à accepter les contacts humains? 

L’inscrire dans un centre équestre me paraissait être la solution géniale! Bon, j’ai toujours l’impression d’avoir des idées géniales mais l’histoire me prouve que je me plante à peu près tout le temps 😃

Avec mon mari, nous avons emmené Sarah visiter ce centre équestre où un équithérapeute pouvait la prendre en charge. Sarah m’avait dit qu’elle ne voulait pas y aller mais j’ai juste pensé que c’était la nouveauté qui lui faisait peur.

Alors, j’ai insisté. Toutes les semaines, durant trois mois, j’ai tenu bon face à ses angoisses, à son dégoût des odeurs et des mouches. J’attendais le déclic, le moment où elle m’avouerait que c’est génial le poney! 

Ce moment n’est jamais arrivé. Elle pleurait souvent dans la voiture, durant le trajet qui nous séparait de la maison. Je ne comprenais pas pourquoi elle n’aimait pas aller là-bas. 

Finalement, j’en ai discuté avec son psy et j’ai réalisé qu’elle détestait juste l’équitation; et elle en avait bien le droit.

Au mois de décembre, j’ai stoppé l’équitation. Cela ne servait absolument à rien d’insister. 

Et voir son enfant se mettre dans des états pas possible quand vous l’emmenez faire une activité, n’est un plaisir pour personne.

Je suis passée par un tas de remises en questions. 

Sarah ne comprenait pas mes démarches.

Un jour elle m’a dit:

Je veux juste qu’on me laisse tranquille… 

Et c’est ce que j’ai fini par faire. Pourquoi la forcer à faire un tas et un tas de choses qu’elle n’aime pas? Pourquoi vouloir à tout prix qu’elle prenne un quelconque plaisir à faire ce que les autres aiment? Elle a le droit de ne pas aimer et le droit de préférer rester à la maison. 

Mon envie de la faire entrer dans le moule prend tellement souvent le dessus que je m’épuise à chercher des solutions qui ne marchent jamais. 

Et aujourd'hui?

J’en suis où aujourd’hui dans la socialisation de ma fille?


Nous avons terminé l’année de 4ème sans projet particulier. Simplement les prises en charge chez le psy et l’orthophoniste. 

Entre temps, j’avais pris contact avec le CRA (centre de ressources autisme). Toujours dans ma quête d’avoir des réponses. 

Après une année d’attente, Sarah a été testée la semaine dernière. C’est bizarre mais j’ai le sentiment que ces tests seront négatifs pour l’autisme. Ou alors, je ne veux pas qu’ils soient positifs. 

Je ne sais pas trop. 

Tout ce que je sais c’est que j’attends des réponses! 

Trouble de la socialisation? De la communication? Trouble anxieux généralisé? Trouble du spectre autistique? Peu importe au fond! Le tout est que l’on me propose une aide pour le futur. 

Nous venons d’entamer l’année de 3ème avec le CNED et je n’ai aucun plan hormis les idées que son psy va lui-même mettre en place. 

J’ai décidé que la socialisation de Sarah ne devait plus passer par moi. Je n’y arrive pas; chaque essai est un échec cuisant. 

J’ai juste besoin que quelqu’un le fasse pour moi. Besoin qu’elle soit prise en charge par un intervenant extérieur. 

Je crois que je suis juste fatiguée d’essayer…

Avez-vous déjà rencontré ce genres de problèmes avec votre enfant? N’hésitez pas à me faire part de vos expériences en commentaires sur le blog ou sur ma page Facebook. Et si notre histoire vous intéresse, vous pouvez également me suivre pour connaitre la suite de nos petites aventures 😇

2 Comments

  • La Parenthèse d'Or

    Tiens c’est marrant ton article.
    Mes parents m’ont dirigé vers un cap petite enfance par correspondance aussi. Le collège/lycée a été horrible pour moi.
    J’ai failli faire une grosse bêtise. Mes parents ont réalisé tout ça à temps…
    Clairement me reconstruire par moi-même a été plus que bénéfique et important et tout ce qu’on veut.
    J’ai réussi, ça n’a pas été facile mais j’en ravie maintenant

    • Carmel

      Je crois que beaucoup de monde est dans ce cas, avec beaucoup de mal au niveau des relations sociales. Je me dis tout le temps qu’un jour, il y aura peut-être un déclic. Tes parents ont très bien fait de te permettre de te reconstruire par toi-même. Tu as un boulot que tu aimes, un super chouette blog et toute la vie devant toi 😉

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