Autisme et scolarité: deux mondes parallèles
Tout est dans le titre ! Mais, ce serait un peu dommage de ne pas vous expliquer comment j’en suis arrivée à cette conclusion: à savoir que ma fille arrête les cours de seconde avec le Cned car j’ai fait le constat que l’autisme et la scolarité étaient deux mondes parallèles.
Petit historique.
Il y a un an, ma fille Sarah ( 16 ans aujourd’hui ) a été diagnostiquée autiste atypique.
Ce mot a été un vrai coup de massue pour moi, même si je m’y attendais.
En revanche, pour elle, cela a été une vraie délivrance.
Elle avait enfin un mot expliquant ses comportements inhabituels et l’excusant presque de ne pas réagir de la même manière que nous, les neurotypiques.
Les personnes qui ne la côtoient que quelques minutes, peuvent à peine soupçonner son autisme. Elle a toujours tout fait pour compenser sa différence.
Jusqu’au jour où c’est devenu trop coûteux pour elle.
Il faut tant d’énergie pour observer les autres et leur manière de fonctionner quand on ne les comprend pas. Il faut aussi une grande intelligence émotionnelle et une vraie sensibilité pour y parvenir. Ce dont elle ne manque pas.
Pour autant, Sarah veut revendiquer cette différence. Elle vit en dehors de notre monde, de notre réalité à nous, le plus souvent possible.
J’entends par là, qu’elle s’est créé un univers parallèle où ses difficultés n’existent plus.
Une bulle rassurante de laquelle il est parfois un peu compliqué de l’extraire.
Je vous renvoie à mes précédents articles afin de mieux comprendre de quoi je vous parle.
Sarah n’aime pas vraiment la réalité de ce qui l’entoure. Je pense que c’est juste parce qu’elle ne traite pas les informations de la même manière que nous.
J’aime dire qu’elle plane un peu parfois.
Fuir la réalité lui permet d’être adaptée dans son monde à elle.
L’enjeu des prochaines années est de lui permettre d’avoir la vie la plus normale possible et surtout d’être au maximum autonome.
Une scolarité atypique et adaptée.
Une scolarité normale n’était donc pas envisageable, c’est pourquoi, dès la 6ème, je me suis tournée vers le Cned.
Sarah a terminé le collège en obtenant son brevet avec mention, malgré d’évidentes difficultés au niveau de l’autonomie et de l’organisation de ses idées.
Durant toutes les années collège avec le Cned, nous arrivions, en l’accompagnant pas à pas, à lui enseigner un maximum de choses. Le seul point qui posait vraiment problème, c’était la production d’écrits, les rédactions.
Elle arrivait à nous donner ses idées à l’oral mais elle était incapable de les ordonner par écrit.
Je savais très bien que si ce blocage durait, la seconde serait impossible à suivre pour elle.
En effet, le programme est très dense car il y a un vrai fossé entre le collège et le lycée. Surtout, chaque matière demande un vrai travail d’analyse et de rédaction.
J’ai essayé durant deux mois et j’ai dû me résoudre à établir un constat plutôt déprimant pour moi: il fallait arrêter de s’accrocher à un système inadapté pour elle et mettre l’accent sur les vraies priorités.
Attention, je ne suis pas en train de dire que les cours ne sont pas importants. Je dis juste, qu’à aujourd’hui, nos objectifs sont un peu différents et difficilement cumulables avec les attentes de l’éducation nationale en terme d’apprentissages.
Quelles sont les priorités aujourd’hui ?
Depuis début septembre, Sarah est prise en charge en SESSAD. Le but étant de la rendre autonome dans son quotidien et de l’accompagner sur le chemin de la socialisation.
Il faut être honnête: cumuler le Sessad, le Cned et les besoins de Sarah est devenu impossible.
Dans une semaine classique Sarah enchaine des séances avec:
- Une psychologue
- Une éducatrice
- Une psychomotricienne
- Une orthophoniste
- Une orthoptiste
- Un psychologue ( en libéral )
Au final, être autiste et tenter de sortir de sa bulle est devenu un travail à part entière.
J’ai tenté de glisser les cours de seconde au milieu de tout ça et j’ai réalisé que leur contenu était à mille lieux de tout ce que Sarah était en train d’acquérir.
Elle ne trouvait plus aucune utilité à tout ça, et moi non plus d’ailleurs.
C’est un peu comme si vous demandiez à un bébé d’apprendre à parler et à marcher en même temps. On dit toujours que l’enfant acquiert une chose après l’autre. Eh bien ici, c’est pareil.
Réussir à se défaire de ses propres attentes.
C’est difficile de sortir d’un système dans lequel on a été formaté toute sa vie. J’ai presque un travail de deuil à effectuer concernant le cursus de ma fille. Mais vous n’imaginez pas le soulagement que cela a été de le verbaliser à voix haute. Il y a eu des larmes et de la culpabilité aussi.
Une impression de gâchis et de sabotage…
Cependant, je ne suis pas une wonder-maman et je n’ai aucune autre solution que de constater ce qui me semblait inconcevable il y a encore quelques mois.
Ma fille doit arrêter les cours pour son bien, pour son évolution et son adaptation au monde.
Elle est fatiguée par ses prises en charge qui lui demandent beaucoup d’énergie. Elle a besoin de temps pour elle et pour faire ce qu’elle aime dans sa petite bulle. Les journées ne durent que 24 heures alors il y avait clairement quelque chose en trop.
Mais alors, c’est quoi la suite ?
Je ne sais pas encore. Je n’ai pas complètement coupé ma fille de l’enseignement en gardant un prof trois heures par semaine qui adapte les apprentissages à des situations concrètes de notre vie quotidienne. Elle continue donc de faire des maths mais d’une autre manière. Elle va aussi démarrer des cours de français en janvier, hors programme officiel, pour tenter de dénouer ce blocage au niveau de la rédaction. Nous y glisserons du dessin, car elle adore ça.
Le but de tout ça est de garder un lien avec l’instruction tout en se calquant aux besoins, désirs et attentes de Sarah.
Elle a besoin que chaque chose ait un sens alors on essaye de donner un sens aux choses.
En parallèle, Sarah a fait d’énormes progrès en terme de socialisaiton: elle a créé un compte Instagram en relation avec son blog et elle discute enfin avec d’autres personnes que nous, sa famille. Elle échange sur ses passions et elle découvre le monde extérieur.
Certains pourront trouver un peu curieux de découvrir les relations sociales de cette manière. Mais je peux vous assurer que c’est une énorme victoire de la voir communiquer en dehors du cercle familial et de ses soignants !
Mine de rien, cela lui prend du temps. Elle apprend les codes sociaux, observe et me pose des questions. Petit à petit, je la laisse gérer seule son petit univers. ( Qui devient de plus en plus vaste, vu le nombre d’abonnés qu’elle a rassemblés en quelques semaines. )
Au final, nos semaines sont plutôt chargées mais Sarah a tellement progressé que j’espère avoir pris la bonne décision.
De toutes manières, je n’avais pas vraiment le choix car chez nous, il n’y a pas de cursus adapté à son profil si atypique.
Pour conclure.
L’ironie de l’histoire est que la semaine où j’ai décidé d’arrêter les cours avec le Cned, leur web magasine a publié mon témoignage sur les années collège de Sarah. ( Elle était en 4ème à l’époque où j’avais répondu à leurs questions. )
Je vous mets le lien, cela peut vous donner une idée en terme d’organisation de travail si votre enfant est scolarisé au Cned.
Une page se tourne donc pour nous et il va encore falloir se réinventer.
Pour la première fois, j’avance sans filet et je ne sais pas où nous allons, mais nous y allons ! Ce qui est sûr, c’est que nous allons enfin prendre le temps.
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